J'aurais voulu être un post-it! - Escale à Babel-land...

************************************
Non non je vous préviens tout de suite,je n'ai en aucun cas fumé de post-it, je vous propose seulement une autre version de l'exercice de la "page blanche" de la communauté "Ecriture Ludique"! Une version plus légère que la première "la page blanche, vierge de tous mots/maux", que je vous invite à lire si ça n'a pas encore été fait!
************************************

J’aurais voulu être un post-it® !!!!
Revêtir des couleurs, comme les drapeaux !!!!
Simplement montrer que j’existe !!!!
Coller avec mes idéaux !!!!

Il était une fois une petite feuille de papier blanc perforée qui siégeait au sein d’un bloc note d’une centaine de pages. Outre le fait qu’elle se sentait écrasée par le poids de ses consœurs, elle qui avait hérité de la dernière place, tout comme du poids des jours à se languir calfeutrée dans un tiroir oppressant et malodorant, un autre soucis lui taraudait l’esprit : comme elle aurait voulu se parer de vert, rouge ou de turquoise, comme ces petits post-it® issus de la même usine !

Mais elle, pauvrette blafarde, insipide et albinos destinée à être griffonnée de chiffres ou autres symboles kabbalistiques issus des mains de ces experts informatiques, écoulait des jours teintés de lassitude et de fatalité…se sentant impuissante face à sa morose destinée, là où le rose lui aurait tant sied…

Dans son désarroi le plus palpable, deux alternatives lui semblaient quand même envisageables, comme jaunir dans son coin sous l’accumulation des années ou finir légèrement hâlée en rentrant en collision avec une tasse de café…Cependant elle considérait que le jaune lui donnerait triste mine, ce côté maladif et rongé que l’on rencontre parfois sur les feuilles d’automne qui se meurent, ce qui accuserait des signes de fatigue évidents, et elle avait encore assez de dignité pour ne pas sombrer comme ces autres pages jamais utilisées, déchirées craquelées, sous l’emprise d’une jaunisse qui les condamne à la corbeille à papier, ultime remède et échappatoire d’infortune…Quand à la couleur café, elle ne lui était pas repoussante mais elle craignait cette eau bouillante qui sur elle serait déversée…Après une existence toute tracée de servitude et de labeurs, loin de ces paillettes qu’elle convoitait tant elle aurait encore préféré se vautrer, blanche brebis qu’elle était, dans la boue, plutôt que de finir colorée certes mais ébouillantée avant tout…

Un matin, alors qu’elle avait mis un terme à ses chimères, attendant son heure de grâce dans l’espoir d’être jetée et recyclée en des tons plus colorés, quelle ne fut pas sa surprise, quand parmi toutes les autres pages languissantes du bloc notes, le choix se porta sur elle, malheureuse "laissée pour compte" en bout de file… Une main agile la libéra de son support avec entrain pour l’amener sans surprise à l’épilogue de sa trépidante vie… « Enfin, gémit-elle, abrégeons là les souffrances d’une vie de bâton de chaise qui me pèse et me lèse, mettons un terme à ce malaise… »

La promiscuité avec cette main chaude humide et terriblement virile qui se déhanchait sur elle la sortit de ses considérations de névrosés. Le châtiment –s’il en est- opéra comme une douce caresse, dont elle se délecta sans cesse, plongeant avec ivresse dans cet havre de délicatesse. Notre pauvrette, peu habituée à un tel degrés d’intimité, en rougit de plaisir et se para d’une couleur des plus intenses qu’elle ne pouvait espérer…Toute une vie passée à se lamenter alors qu’il lui suffisait de rayonner de l’intérieur pour revêtir ses plus beau atours, ses plus belles couleurs…

Et de cette histoire naquit un enseignement :

Rien ne sert de vouloir paraître autre que telle que la nature t’a faite

Sinon tu réduiras à perte moral, santé et bien être.

Aime toi, prends soin de toi et ton corps te le rendra.